Saturday, February 02, 2008

マルクス『哲学の貧困』及びプルードンの書き込み

マルクス『哲学の貧困』(1847年)へのプルードンの書き込み箇所「書き込み」


原文は以下のサイトから引用した。
http://www.marxists.org/francais/marx/works/1847/06/km18470615.htm
マルクスの日本語訳は大月書店の第4巻から、プルードンの書き込みはリヴィエール版『経済的諸矛盾の体系または貧困の哲学』第二巻の巻末付録から引用した。

プルードンの『哲学の貧困』(1847年)への書き込みは、ほぼ第二章第1節と第2節とに集中している。
それ以外は以下の第一章第2節(一箇所)と第二章第3節冒頭(二個所)におけるものである。

第一章2より

Comme but, l'égalité politique est une erreur : elle est même une erreur comme moyen. (As an end, the political equality is there a failure, (…) as a means, also, it is there a failure.)(政治的平等は、目的としては誤謬であり、手段としてもまた誤謬である。)


       「Oui.」
第二章3より
Si l'objet immédiat de l'amant est la femme, l'objet immédiat de l'émulation industrielle est le produit et non le profit. (恋する男の直接対象が女であるならば、生産活動上の励みあいの直接対象は生産物であって、利潤ではない。)
    
      「Synonymes ici.」

La concurrence n'est pas l'émulation industrielle, c'est l'émulation commerciale((競争は、)生産活動上の励みあいではなくて、商業上の励みあいである。). De nos jours, l'émulation industrielle n'existe qu'en vue du commerce.
       「Autres synonymes.」



1方法

Misère de la philosophie
K. Marx

II : La métaphysique de l’économie politique
La méthode

Nous voici en pleine Allemagne ! Nous allons avoir à parler métaphysique, tout en parlant économie politique. Et en ceci encore, nous ne faisons que suivre les “ contradictions ” de M. Proudhon. Tout à l'heure, il nous forçait de parler anglais, de devenir nous-même passablement anglais.
Maintenant la scène change, M. Proudhon nous transporte dans notre chère patrie et nous force à reprendre notre qualité d'Allemand malgré nous.

Si l'Anglais transforme les hommes en chapeaux, l'Allemand transforme les chapeaux en idées. L'Anglais, c'est Ricardo, riche banquier et économiste distingué; l'Allemand c'est Hegel, simple professeur de philosophie à l'Université de Berlin.

Louis XV, dernier roi absolu, et qui représentait la décadence de la royauté française, avait attaché à sa personne un médecin qui était, lui, le premier économiste de la France. Ce médecin, cet économiste, représentait le triomphe imminent et sûr de la bourgeoisie française. Le docteur Quesnay a fait de l'économie politique une science; il l'a résumée dans son fameux Tableau économique. Outre les mille et un commentaires qui ont paru sur ce tableau, nous en possédons un du docteur lui-même.

C'est l' “ analyse du tableau économique ”, suivie de “ sept observations importantes ”.

M.Proudhon est un autre docteur Quesnay. C'est le Quesnay de la métaphysique de l'économie politique.

Or,la métaphysique, la philosophie tout entière se résume,

d'après Hegel, dans la méthode. Il nous. faudra donc chercher à éclaircir la méthode de M. Proudhon,

qui est pour le moins aussi ténébreuse que le Tableau économique. C'est pour cela que nous donnerons sept
observations plus ou moins importantes. Si le docteur Proudhon n'est pas content de nos observations, eh bien, il se fera abbé Baudeau et donnera lui-même l' “ explication de la méthode économico-métaphysique ”.

Première observation

Nous ne faisons point une histoire selon l'ordre des temps, mais selon la succession des idées. Les phases ou catégories économiques sont dans leur manifestation tantôt contemporaines, tantôt interverties... Les théories économiques n'en ont pas moins leur succession logique et leur série dans l'entendement : c'est cet ordre que nous nous sommes flatté de découvrir [1].

Décidément,
M. Proudhon a voulu faire peur aux Français,
en leur jetant à la face des phrases quasi-hégéliennes.
Nous avons donc affaire à deux hommes, d'abord à M. Proudhon, puis à Hegel. Comment M. Proudhon se distingue-t-il des autres économistes ? Et Hegel, quel rôle joue-t-il dans l'économie politique de M. Proudhon ?

Les économistes expriment les rapports de la production bourgeoise, la division du travail, le crédit, la
monnaie, etc., comme des catégories fixes, immuables, éternelles. M. Proudhon, qui a devant lui ces catégories
toutes formées, veut nous expliquer l'acte de formation, la génération de ces catégories, principes,
lois, idées, pensées.

Les économistes nous expliquent comment on produit dans ces rapports donnés, mais ce qu'ils ne nous expliquent pas, c'est comment ces rapports se produisent, c'est-à-dire le mouvement historique qui les fait naître. M. Proudhon ayant pris ces rapports comme des principes, des catégories, des pensées
abstraites, n'a qu'à mettre
ordre dans ces pensées, qui se trouvent alphabétiquement rangées à la
fin de tout traité d'économie politique. Les matériaux des économistes, c'est la vie active et
agissante des hommes; les matériaux de M. Proudhon, ce sont les dogmes des économistes.
Mais du moment qu'on ne poursuit pas le mouvement historique des rapports de la production, dont les catégories ne sont que l'expression théorique, du moment que l'on ne veut plus voir dans ces catégories que des idées, des pensées spontanées, indépendantes des rapports réels, on est bien forcé d'assigner comme origine à ces pensées le mouvement de la raison pure.(しかし、諸カテゴリーは生産諸関係の理論的表現にほかならないのであるから、生産諸関係の歴史的運動を追求しない限り、これらのカテゴリーをば、自然発生的な、現実的諸関係とかかわりのない諸観念や諸思考としてしかもはや考えようとしないかぎり、純粋理性の運動をこれらの思考の源泉とみなすほかなくなる。) Comment la raison pure, éternelle, impersonnelle fait-elle naître ces pensées ? Commentprocède-t-elle pour les produire ?

     「Il est bien force, puisque, dans la societe,tout est,quoi qu'on dise,contemporain;comme,dans la nature,tous les atomes sont eternals.」


Si nous avions l'intrépidité de M. Proudhon en fait de hégélianisme, nous dirions : elle se distingue en elle-même d'elle-même. Qu'est-ce à dire ? La raison impersonnelle n'ayant en dehors d'elle ni terrain sur lequel
elle puisse se poser, ni objet auquel elle puisse s'opposer, ni sujet avec lequel elle puisse composer, se voit forcée de faire la culbute en se posant, en s'opposant et en composant - position,
opposition, composition. Pour parler grec, nous avons la thèse,l'antithèse et la synthèse. Quant à ceux qui ne
connaissent pas le langage hégélien, nous leur dirons la formule sacramentelle : affirmation, négation et négation de la négation. Voilà ce que parler veut dire. Ce n'est certes pas de l'hébreu, n'en déplaise à M.
Proudhon; mais c'est le langage de cette raison si pure, séparée de l'individu. Au lieu de l'individu ordinaire, avec sa manière ordinaire de parler et de penser, nous n'avons autre chose que cette manière ordinaire toute pure, moins l'individu.

Faut-il s'étonner que toute chose, en dernière abstraction, car il y a abstraction et non pas analyse, se présente à l'état de catégorie logique ? Faut-il s'étonner qu'en laissant tomber peu à peu tout ce qui constitue
l'individualisme
[2]
d'une maison, qu'en faisant abstraction des matériaux dont elle se compose, de la forme qui la distingue, vous arriviez à n'avoir plus qu'un corps, - qu'en faisant abstraction des limites de ce corps vous n'ayez bientôt plus qu'un espace, - qu'en faisant enfin abstraction des dimensions de cet espace, vous finissiez par ne plus avoir que la quantité toute pure, la catégorie logique. A force d'abstraire ainsi de tout sujet tous les prétendus
accidents, animés ou inanimés, hommes ou choses, nous avons raison de dire qu'en dernière abstraction on arrive à avoir comme substance les catégories logiques. Ainsi, les métaphysiciens qui, en faisant ces abstractions, s'imaginent faire de l'analyse, et qui, à mesure qu'ils se détachent de plus en plus des objets, s'imaginent s'en approcher au point de les pénétrer, ces métaphysiciens ont à leur tour raison de dire que les choses d'ici-bas sont des broderies, dont les catégories logiques forment le canevas. Voilà ce qui distingue le philosophe du chrétien. Le chrétien n'a qu'une seule incarnation du Logos, en dépit de la logique; le philosophe n'en finit pas avec les incarnations. Que tout ce qui existe, que tout ce qui vit sur la terre et sous l'eau, puisse, à force d'abstraction, être réduit à une catégorie logique; que de cette façon le monde réel tout entier puisse se noyer dans le monde des abstractions, dans le monde des catégories logiques, qui s'en étonnera ?

Tout ce qui existe, tout ce qui vit sur terre et sous l'eau, n'existe, ne vit que par un mouvement quelconque. Ainsi, le mouvement de l'histoire produit les rapports sociaux, le mouvement industriel nous donne les produits industriels, etc.., etc.

De même qu'à force d'abstraction nous avons transformé toute chose en catégorie logique, de même on n'a
qu'à faire abstraction de tout caractère distinctif des différents mouvements, pour arriver au mouvement à

l'état abstrait, au mouvement purement formel, à la formule purement logique du mouvement. Si l'on trouve dans les catégories logiques la substance de toute chose, on s'imagine trouver dans la formule logique du mouvement la méthode
absolue, qui non seulement explique toute chose, mais qui implique encore le mouvement de la chose.

C'est cette méthode absolue dont Hegel parle en ces termes(ヘーゲルが次のようなことばで語るのは、この絶対的方法のことなのである。) :

    「Tres bien; cela est-il si bete?」


La méthode est la force absolue, unique, suprême,
infinie, à laquelle aucun objet ne saurait résister;
c'est la tendance de la raison à se reconnaître
elle-même en toute chose
[3]


Toute chose étant réduite à une catégorie logique, et tout mouvement, tout acte de production à

la méthode, il s'ensuit naturellement que tout ensemble de produits et de production, d'objets et de mouvement, se réduit à une métaphysique appliquée. Ce que Hegel a fait pour la religion, le droit, etc., M. Proudhon cherche à le faire pour l'économie politique.

Ainsi,qu'est-ce donc que cette méthode absolue ? L'abstraction du mouvement. Qu'est-ce que l'abstraction du mouvement ? Le mouvement à l'état abstrait. Qu'est-ce que le mouvement à l'état abstrait ? La formule purement logique du mouvement ou le mouvement de la raison pure. En quoi consiste le mouvement de la

raison pure ? A se poser, à s'opposer, à se composer, à se formuler comme thèse, antithèse, synthèse,
ou bien encore à s'affirmer, à se nier, à nier sa négation.

Comment fait-elle, la raison, pour s'affirmer, pour se poser en catégorie déterminée ? C'est l'affaire de la raison elle-même et de ses apologistes.

Mais une fois qu'elle est parvenue à se poser en thèse,cette thèse, cette pensée, opposée à elle-même, se dédouble en deux pensées contradictoires, le positif et le négatif, le oui et le non.
La lutte de ces deux éléments antagonistes, renfermés dans l'antithèse, constitue le mouvement dialectique. Le
oui devenant non, le non devenant oui, le oui devenant à la fois oui et non, le non devenant à la fois non et oui, les contraires se balancent, se neutralisent, se paralysent. La fusion de ces deux pensées contradictoires constitue une pensée nouvelle, qui en est la synthèse. Cette pensée nouvelle se déroule encore en deux pensées contradictoires qui se fondent à leur tour en une nouvelle synthèse. De ce travail d'enfantement naît un groupe de pensées. Ce groupe de pensées suit le même mouvement dialectique qu'une catégorie simple, et a pour antithèse un groupe contradictoire. De ces deux groupes de pensées naît un nouveau groupe de pensées, qui en est la synthèse.

De même que du mouvement dialectique des catégories simples naît le groupe, de même du mouvement dialectique des groupes naît la série, et du mouvement dialectique des séries naît le système tout entier.

Appliquez cette méthode aux catégories de l'économie politique, et vous aurez la logique et la métaphysique de l'économie politique, ou, en d'autres termes, vous aurez les catégories économiques connues de tout le monde,
traduites dans un langage peu connu, qui leur donne l'air d'être fraîchement écloses dans une tête raison pure;
tellement ces catégories semblent s'engendrer les unes les autres, s'enchaîner et s'enchevêtrer les unes dans les
autres par le seul travail du mouvement dialectique. Que le lecteur ne s'effraie pas de cette métaphysique avec tout son échafaudage de catégories, de groupes, de séries et de systèmes. M. Proudhon, malgré la grande peine
qu'il a prise d'escalader la hauteur du
système des contradictions, n'a jamais pu s'élever au-dessus des deux
premiers échelons de la thèse et de l'antithèse simples, et encore ne les a-t-il enjambés que deux fois, et de
ces deux fois, il est tombé une fois à la renverse.

Aussi n'avons-nous exposé jusqu'à présent que la dialectique de Hegel. Nous verrons plus tard comment M. Proudhon a réussi à la réduire aux plus mesquines proportions, Ainsi, pour Hegel, tout ce qui s'est passé et ce
qui se passe encore est tout juste ce qui se passe dans son propre raisonnement. Ainsi la philosophie de l'histoire n'est plus que l'histoire de la philosophie, de sa philosophie à lui. Il n'y a plus l' “ histoire selon l'ordre des temps ”, il n'y a que la “ succession des idées dans l'entendement ”.
Il croit construire le monde par le mouvement de la pensée, tandis qu'il ne fait que reconstruire systématiquement et ranger sous la méthode absolue, les pensées qui sont dans la tête de tout le monde(彼は思考の運動によって世界を建設することができると信じこんでいる。しかし彼が[実際に]おこなっていることは、ただ、万人の頭脳のなかにある諸思考を体系的に再建設し、絶対的方法に従わせることであるにすぎない。).
      「Je ne pretends pas faire autre chose;et je crois que c'est quelque chose.Votre premiere observation n'observe rien.」

Deuxième observation

Les catégories économiques ne sont que les expressions théoriques, les abstractions des rapports sociaux de la

production. M. Proudhon, en vrai philosophe, prenant les choses à l'envers, ne voit dans les rapports réels que les incarnations de ces principes, de ces catégories, qui sommeillaient, nous dit encore M. Proudhon le philosophe, au sein de la “ raison impersonnelle de l'humanité ”.

M.Proudhon l'économiste a très bien compris que les hommes font le drap, la toile, les étoffes de soie, dans des rapports déterminés de production. Mais ce qu'il n'a pas compris, c'est que ces rapports sociaux déterminés sont aussi bien produits par les hommes que la toile, le lin, etc.(しかし、これらの一定の社会的諸関係もまた麻布、リンネル等々と同様に、人間によって生産されるものであるということ、それを彼は理解することができなかった。)

     「Mensonge : c'est precisement ce que je dis. La societe produit les LOIS et MATERIAUX de son experience.(Les mots sont soulignes par Proudhon).」

Les rapports sociaux sont intimement liés aux forces productives. En acquérant de nouvelles forces productives, leshommes changent leur mode de production, et en changeant le mode de production, la manière de gagner leur vie, ils changent tous leurs rapports sociaux. Le moulin à bras vous donnera la
société avec le suzerain; le moulin à vapeur, la société avec le capitalisme industriel.

Les mêmes hommes qui établissent les rapports sociaux conformément à leur productivité matérielle, produisent aussi les principes, les idées, les catégories, conformément à leurs rapports sociaux.

Ainsi ces idées, ces catégories sont aussi peu éternelles que les relations qu'elles expriment.


(それゆえ、これらの観念、これらのカテゴリーは、それらの表示する諸関係と同様に、永久的なものではない。)

     「Oui, eternelles comme l'humanite, ni plus ni moins; et toutes contemporaines.

Votre deuxieme observation n'aboutit pas.」

Elles sont des. produits historiques et transitoires.

Il y a un mouvement continuel d'accroissement dans les forces productives, de destruction dans les rapports sociaux, deformation dans les idées; il n'y a d'immuable que l'abstraction du mouvement - mors immortalis.

Troisième observation

Les rapports de production de toute société forment un tout. M. Proudhon considère les rapports économiques comme autant de phases sociales, s'engendrant l'une l'autre,
résultant l'une de l'autre comme l'antithèse de la thèse, et réalisant dans leur succession logique la
raison impersonnelle de l'humanité.

Le seul inconvénient qu'il ait dans cette méthode, c'est qu'en abordant l'examen d'une seule de ces phases, M. Proudhon ne puisse l'expliquer sans avoir recours à tous les autres

rapports de la société, rapports que cependant il n'a pas encore fait engendrer par son mouvement
dialectique.
Lorsque ensuite M. Proudhon, au moyen de la raison pure, passe à l'enfantement des autres phases, il fait comme si c'étaient des enfants nouveau-nés, il oublie qu'elles sont du même âge que la première.

(ついで、プルードン氏が純粋理性の力によって、他の諸局面の産出にとりかかると、彼はあたかもそれらが生まれたばかりの赤ん坊であるかのように取り扱い、それらが最初の局面の局面と同じ年齢であることを忘れてしまうのである。)

    「Je dis precisement tout cela.Dites-moi donc comment vous vous y prendrez pour parler tour a tour des objets de l'Econ.pol. 」

Ainsi,pour arriver à la constitution de la valeur qui pour lui est la base de toutes les évolutions économiques, il ne pouvait se passer de la division du travail, de la 
concurrence, etc.

Cependant dans la série, dans l'entendement de M. Proudhon,
dans la succession logique, ces rapports n'existaient point encore.


En construisant avec les catégories
de l'économie politique l'édifice d'un système idéologique,

(諸カテゴリーをもって一個の観念体系という建築物を建造することにより、)

   「Oui vous parle de tout cela ?

   Votre observation n'est qu'une calomnie.」

on disloque les membres du système social. On change les différents membres de la société en autant de sociétés à part, qui arrivent les unes après les autres. Comment, en effet, la seule formule logique du mouvement,
de la succession, du temps, pourrait-elle expliquer le corps de la société, dans lequel tous les rapports coexistent simultanément et se supportent les uns les autres ?


Quatrième observation

Voyons maintenant quelles modifications M. Proudhon fait subir à la dialectique de Hegel en l'appliquant à l'économie politique.

Pour lui, M. Proudhon, toute catégorie économique a deux
côtés, l'un bon, l'autre mauvais.
Il envisage les catégories comme le petit bourgeois envisage les grands hommes de l'histoire : Napoléon est un grand homme; il a fait beaucoup de bien, il a fait aussi beaucoup de mal.
(彼は、小ブルジョアたちが…歴史上の偉人を考察するのと同じように[経済的に]諸カテゴリーを考察するのである。)

     「J'ai fait moi-mere la critique de cette maniere de raisonner.」


Le bon côté et le mauvais côté, l'avantage et l'inconvénient, pris ensemble, forment pour M. Proudhon la

contradiction dans chaque catégorie économique.

Problème à résoudre : conserver le bon côté en éliminant le mauvais. (解決すべき問題は、悪い面を除去して良い面を保存することである。)

        「Calomnie effrontee.」


L'esclavage est une catégorie économique comme une autre.

(奴隷制度も、ほかの経済的カテゴリーと同様な一つの経済的カテゴリーである。)
Donc il a, lui aussi, ses deux côtés. Laissons là le
mauvais côté et parlons du beau côté de l'esclavage : bien entendu qu'il n'est question que de l'esclavage
direct, de l'esclavage des noirs dans le Surinam, dans le Brésil,dans les contrées méridionales de l'Amérique du
Nord.

  「 Cela n'est que perfide ,mais raisonnable,point.

―L'esclavage, extreme du proletariat, c'est-a-dire de l'inferiorite relative, a ss raison d'etre, qui le fera toujours exister, non comme esclavage, mais comme apprentissage, ou tout autre analogue. C'est toujours comme la douane.」


L'esclavage direct est le pivot de l'industrie bourgeoise aussi bien que les

machines, le crédit, etc. Sans esclavage, vous n'avez pas de
coton; sans le coton, vous n'avez pas d'industrie moderne. C'est
l'esclavage qui a donné leur valeur aux colonies, ce sont les
colonies qui ont créé le commerce de l'univers, c'est
le commerce de l'univers qui est la condition de la grande industrie.
Ainsi l'esclavage est une catégorie économique de la
plus haute importance.

Sans l'esclavage, l'Amérique du Nord, le pays le plus progressif,

se transformerait en pays patriarcal. Effacez l'Amérique du Nord de la carte du monde, et vous aurez l'anarchie, la décadence complète du commerce et de la civilisation modernes. Faites disparaître l'esclavage, et vous aurez effacé l'Amérique de la carte des peuples [4].

Aussi l'esclavage, parce qu'il est une catégorie économique, a toujours été dans les institutions des

peuples. Les peuples modernes n'ont su que déguiser l'esclavage dans leur propre pays, ils l'ont imposé sans
déguisement au nouveau monde.


Comment M. Proudhon s'y prendra-t-il pour sauver l'esclavage ? Il posera le problème : conserver le bon côté de cette catégorie économique, éliminer le mauvais.

Hegel n'a pas de problèmes à poser. Il n'a que la dialectique. M. Proudhon n'a de la dialectique de Hegel que le
langage. Son mouvement dialectique, à lui, c'est la distinction dogmatique du bon et du mauvais.

(ヘーゲルは提起すべき問題をもたない。彼がもっているのは弁証法である。ヘーゲルの弁証法についてプルードン氏ののもっているのは、ただ、そのことばづかいだけである。彼独特の弁証法的運動[方法]は、独断的な、善悪の区別である。)

        「Absurde.」

Prenons un instant M. Proudhon lui-même comme catégorie.Examinons son bon et son mauvais côté, ses avantages etses inconvénients.

S'il a sur Hegel l'avantage de poser des problèmes, qu'il se réserve de résoudre pour le plus grand bien de

l'humanité, il a l'inconvénient d'être frappé de stérilité quand il s'agit d'engendrer par le travail d'enfantement dialectique une catégorie nouvelle. Ce qui constitue le mouvement dialectique, c'est la coexistence des deux
côtés contradictoires, leur lutte et leur fusion en une catégorie nouvelle.
Rien qu'à se poser le problème
d'éliminer le mauvais côté, on coupe court au mouvement dialectique.
Ce n'est pas la catégorie qui se pose
et s'oppose à elle-même par sa nature contradictoire,c'est M. Proudhon qui s'émeut, se débat, se démène
entre les deux côtés de la catégorie.
(悪い面を除去するという問題をみずからに課することだけで、弁証法的運動は中断されてしまう。)

        「Qui vous a jamais perle d'elimination ?」


Pris ainsi dans une impasse, d'où il est difficile de sortir par les moyens légaux, M. Proudhon fait un véritable

soubresaut qui le transporte d'un seul bond dans une catégorie nouvelle. C'est alors que se dévoile à ses yeux étonnés la série dans l'entendement.

Il prend la première catégorie venue, et il lui attribue arbitrairement la qualité de porter remède aux

inconvénients de la catégorie qu'il s'agit d'épurer.
Ainsi les impôts remédient, s'il faut en croire M.Proudhon, aux inconvénients du monopole; la balance du
commerce, aux inconvénients des impôts; la propriété foncière, aux inconvénients du crédit.

En prenant ainsi successivement les catégories économiques,
une à une, et en faisant de celle-ci l'antidote de celle-là,M. Proudhon arrive à faire avec ce mélange de
contradictions, deux volumes de contradictions, qu'il appelle à juste titre :
Le Système des contradictions économiques.

(Fin de la quatrieme observation )(第4の観察の終わり)


       「Votre quatrieme observation n'est qu'un mensonge, qu'(?) une calominie.」

Cinquième observation
Dans la raison absolue toutes ces idées... sont
également simples et générales... En fait, nous
ne parvenons à la science que par une sorte d'échafaudage
de nos idées. Mais la vérité en soi est
indépendante de ces figures dialectiques et affranchie des
combinaisons de notre esprit
[5].

Voilà tout d'un coup, par une sorte de revirement dont nous connaissons maintenant le secret, la métaphysique de l'économie politique devenue une illusion ! Jamais M. Proudhon n'a dit plus vrai. Certes, du moment que le procédé du mouvement dialectique se réduit au simple procédé d'opposer le
bon au mauvais, de poser des problèmes tendant à éliminer le mauvais et de donner une catégorie comme antidote à l'autre, les catégories

n'ont plus de spontanéité; l'idée “ ne fonctionne plus ”; elle n'a plus de vie en elle. Elle ne se pose
ni ne se décompose plus en catégories. La succession des catégories est devenue une sorte d'échafaudage.
La dialectique n'est plus le mouvement de la raison absolue. Il n'y a plus de dialectique, il y a tout au plus de la morale toute pure.

Quand M. Proudhon parlait de la série dans l'entendement, de la succession logique des catégories, il déclarait

positivement qu'il ne voulait pas donner l'histoire selon l'ordre des temps, c'est à-dire, d'après M. Proudhon, la succession historique dans laquelle les catégories se sont manifestées.(すなわち、プルードン氏の言によると、(諸カテゴリーがそのなかに自己を顕現したところの)歴史的継起を、)   

            「 Il n'y en a pas.」

Tout se passait alors pour lui dans l'éther pur de la raison.
Tout devait découler de cet éther au moyen de la dialectique. Maintenant qu'il s'agit de mettre en pratique cette dialectique, la raison lui fait défaut. La dialectique de M.Proudhon fait faux bond à la dialectique de Hegel, et voici que M. Proudhon est amené à dire que
l'ordre dans lequel il donne les catégories économiques n'est plus l'ordre dans lequel elles s'engendrent les unes les autres, Les évolutions économiques ne sont plus les évolutions de la raison elle-même.

(彼がわれわれに経済的諸カテゴリーを与えるその順序はもはや経済的諸カテゴリーが相互に生みだしあうその順序ではない、)

      「Faux.Apprecier a sa juste valeur la logique, ce n'est pas nier la logique.」

Qu'est-ce donc que M. Proudhon nous donne ? L'histoire réelle,

c'est-à-dire, d'après l'entendement de M.Proudhon, la succession suivant laquelle les catégories se
sont manifestées dans l'ordre des temps ? Non. L'histoire comme elle se passe dans l'idée elle-même ? Bien moins encore. Ainsi ni l'histoire profane des catégories, ni leur histoire sacrée ! Quelle histoire nous donne-t-il enfin ?
L'histoire de ses propres contradictions. Voyons comment elles marchent et comment elles traînent M.Proudhon à leur suite.


Avant d'aborder cet examen, qui donne lieu à la sixième observation importante, nous avons encore une observation moins importante à faire.


Admettons avec M. Proudhon que l'histoire réelle, l'histoire selon l'ordre des temps, est la succession historique dans laquelle les idées, les catégories, les principes se sont manifestés.

Chaque principe a eu son siècle, pour s'y manifester : le principe d'autorité, par exemple, a eu le XI° siècle, de

même que le principe d'individualisme le XVIII° siècle.
De conséquence en conséquence, c'était le siècle qui appartenait au principe, et non le principe qui appartenait au siècle.

(世紀が原理に所属していたのであって、原理が世紀に所属していたのではなかった、)

  「Oui vous parle de cela ? Quand je dis positivement le contraire?」

En d'autres termes, c'était le principe qui faisait l'histoire, ce n'était pas l'histoire qui faisait le principe. Lorsque, ensuite, pour sauver les principes autant que l'histoire, on se demande pourquoi tel principe s'est manifesté dans le XI° ou dans le XVIII° siècle plutôt que dans tel autre, on est nécessairement forcé d'examiner minutieusement quels étaient les hommes du XI° siècle, quels étaient ceux du XVIII°, quels étaient leurs besoins respectifs, leurs forces productrices, leur mode de production, les matières premières de leur production, enfin quels étaient les rapports d'homme à homme qui résultaient de toutes ces conditions d'existence.Approfondir toutes ces questions, n'est-ce pas faire l'histoire réelle, profane des hommes dans chaque siècle, représenter ces hommes à la fois comme les auteurs et les acteurs de leur propre drame ? Mais du moment que vous représentez les hommes comme les acteurs et les auteurs de leur propre histoire, vous êtes, par un détour, arrivé au véritable point de départ, puisque vous avez abandonné les principes éternels dont vous parliez d'abord.

(しかし、人間を彼ら自身の歴史の俳優兼作者として表現するやいなや、)

 M.Proudhon ne s'est même pas assez avancé sur le chemin de traverse que prend l'idéologue pour gagner la grande route de l'histoire.

   Voila donc que j'ai le malheur de penser emcore comme vous!
Ai-je jamais pretendu que les PRINCIPES sont autres choses que la representation intellectuelle,non la cause generatrice des faits?
 
Votre ciquieme observation est une imputatiion calomnieuse.
 
Le veritable sens de l'ouvrage de Marx,C'est qu'il a regret quepartout j'aie pense comme lui,et que je l'aie dit avant lui.
Il ne tient qu'au lecteur de croire que c'est Marx qui,apres m'avoir lu,a regret de penser comme moi! Quel homme!

(,,,マルクスの真意は、私が彼よりもはやく彼の考えを述べ、そのことを悔しがっていることにある。いやはや何という男だ!)」

Sixième observation

Prenons avec M. Proudhon le chemin de traverse.

Nous voulons bien que les rapports économiques, envisagés comme des lois immuables, des principes éternels, des catégories idéales, fussent antérieurs aux hommes actifs et agissants;

(経済的諸関係が、活動的でかつ現に活動しつつある人間に先だって存在していたということに、一応しておこう。)

      「Je n'ai pas besoin de votres supposition.」

nous voulons bien encore que ces lois,ces principes, ces catégories eussent, dès l'origine des temps, sommeillé “ dans la raison impersonnelle de l'humanité ”. Nous avons déjà vu qu'avec toutes ces éternités immuables et immobiles, il n'y a plus d'histoire; il y a tout au plus l'histoire dans l'idée,c'est-à-dire l'histoire qui se réfléchit dans lemouvement dialectique de la raison pure. M. Proudhon, en disant que, dans le mouvement dialectique, les idées ne se “différencient ” plus, a annulé et l'ombre du mouvement et le mouvement des ombres, au moyen desquels on aurait pu tout au plus encore créer un simulacre de l'histoire, Au lieu de cela, il impute à l'histoire sa propre impuissance, il s'en prend à tout, jusqu'à la langue française.

Il n'est donc pas exact de dire, dit M. Proudhon le
philosophe, que quelque chose avient,
quelque chose se produit : dans la civilisation comme dans l'univers,
tout existe, tout agit depuis toujours. Il en est ainsi de toute
l'économie sociale
[6].

 Telle est la force productrice des contradictions (諸矛盾を生みだす力は、これほどまでにすさまじいものであるので、)qui fonctionnent et qui font fonctionner M. Proudhon, qu'en voulant expliquer l'histoire il est forcé de la nier,

       「Apparaitre et exister sont deux choses differentes, dont la premiere n'est vraie que pour nous.」

qu'en voulant expliquer la venue successive des rapports sociaux il nie que quelque chose puisse avenir, qu'en voulant expliquer la production avec toutes ses phases,
il conteste que quelque chose puisse se produire.

(なにものかが生産されうることを拒否するのである。)

     「Oui,production,c'est apparition.」

Ainsi pour M. Proudhon plus d'histoire, plus de succession des idées, et cependant son livre subsiste toujours; et ce livre est précisément, d'après sa propre expression,l'histoire selon la succession des idées. Comment trouver une formule, car M. Proudhon est l'homme aux formules, qui l'aide à pouvoir sauter d'un seul bond par delà toutes ses contradictions ?

Pour cela, il a inventé une raison nouvelle,(そうするために彼は、一つのあらたな理性を発明した。)

        「Vous plaidantez toujopurs par avance :commencez par avoir raison.」

qui n'est ni la raison absolue, pure et vierge, ni la raison commune des hommes actifs et agissants dans les différents siècles, mais qui est une raison tout à part, la raison de la société personne, du sujet humanité, qui sous la plume de M. Proudhon,débute parfois aussi comme génie social, raison générale et en dernier lieu comme raison humaine...

Cette raison, affublée de tant de noms, se fait cependant à chaque instant reconnaître comme la raison individuelle de M.Proudhon avec son bon et son mauvais côté, ses antidotes et ses problèmes.

“La raison humaine ne crée pas la vérité ”,
cachée dans les profondeurs de la raison absolue,
éternelle. Elle ne peut que la dévoiler. Mais les
vérités qu'elle a dévoilées jusqu'à

présent sont incomplètes, insuffisantes et partant contradictoires. Donc, les catégories économiques,
étant elles-mêmes des vérités découvertes, révélées par la raison humaine, par le génie
social sont également incomplètes et renferment le germe de la contradiction. Avant M. Proudhon, le génie social n'a vu que les
éléments antagonistes, et non la

formule synthétique, cachés tous deux simultanément dans la raison absolue. Les rapports
économiques, ne faisant que réaliser sur la terre ces vérités insuffisantes, ces catégories
incomplètes, ces notions contradictoires sont donc contradictoires en eux-mêmes, et présentent les deux
côtés, dont l'un bon, l'autre mauvais.

Trouver la vérité complète, la notion dans toute sa plénitude, la formule synthétique qui anéantisse
l'économie, voilà le problème du génie social. Voilà encore pourquoi, dans l'illusion de M. Proudhon,
le même génie social a été poussé d'une catégorie à l'autre, sans encore être
parvenu, avec toute la batterie de ses catégories, à arracher à Dieu, à la raison absolue, une formule
synthétique.


D'abord, la société (le génie
social), pose un premier fait, émet une hypothèse...
véritable antinomie, dont les résultats
antagonistes se déroulent dans l'économie sociale de la
même manière que les conséquences auraient pu
s'en déduire dans l'esprit; en sorte que le mouvement
industriel, suivant en tout la déduction des idées, se
divise en un double courant, l'un d'effets utiles, l'autre de
résultats subversifs... Pour constituer harmoniquement ce
principe à double face et résoudre cette antinomie, la
société en fait surgir une seconde,
laquelle sera bientôt suivie d'une troisième, et
telle sera la marche du génie
social, jusqu'à ce qu'ayant épuisé toutes ses contradictions
- je suppose, mais cela n'est pas
prouvé, que la contradiction dans l'humanité ait un
terme, - il revienne d'un bond sur
toutes ses positions antérieures et dans une
seule formule résolve tous ses problèmes

[7].

De même qu'auparavant l'antithèse s'est transformée en antidote, de même la thèse devient maintenant hypothèse. Ce changement de termes n'a plus rien qui puisse nous étonner de la part de M.Proudhon. La raison humaine, qui n'est rien moins que pure, n'ayant que des vues incomplètes, rencontre à chaque pas de nouveaux problèmes à résoudre. Chaque nouvelle thèse qu'elle découvre dans la raison absolue et qui est la négation de la première thèse, devient pour elle une synthèse, qu'elle accepte assez naïvement comme la solution du problème en question. C'est ainsi que cette raison se démène dans des contradictions toujours nouvelles jusqu'à ce que, se trouvant à bout de contradictions, elle s'aperçoive que toutes ses thèses et synthèses ne sont que des hypothèses contradictoires. Dans sa perplexité,

la raison humaine, le génie social, revient d'un
bond sur toutes ses positions antérieures et dans une
seule formule résout tous ses problèmes.

Cette formule unique, disons-le en passant, constitue la véritable découverte de M. Proudhon. C'est la valeur constituée.

On ne fait des hypothèses qu'en vue d'un but quelconque. Le but que se proposait en premier lieu le génie social qui parle par la bouche de M. Proudhon, c'était d'éliminer ce qu'il y
a de mauvais dans chaque catégorie économique, pour n'avoir que du bon. Pour lui le bon, le bien suprême, le
véritable but pratique, c'est
l'égalité. Et pourquoi le génie social se proposait-il l'égalité plutôt que l'inégalité, la fraternité, le catholicisme, ou tout autre principe ? Parce que


l'humanité n'a réalisé
successivement tant d'hypothèses particulières qu'en
vue d'une hypothèse supérieure,

qui est précisément l'égalité. En d'autres mots : parce que l'égalité est l'idéal de M.Proudhon.

(このようなことばの入れかえには、もはや、(プルードン氏の名において)われわれを驚かしうるほどのものは一つもない。…
…プルードン氏の理想だからである。)

       「Bavardage.」

Il s'imagine que la division du travail, le crédit, l'atelier, que tous les rapports économiques n'ont été inventés qu'au profit de l'égalité,et cependant ils ont toujours fini par tourner contre elle. De ce que l'histoire et la fiction de M. Proudhon se contredisent à chaque pas, ce dernier conclut qu'il y a contradiction. S'il y a contradiction, elle n'existe qu'entre son idée fixe et le mouvement réel.

Désormais, le bon côté d'un rapport économique, c'est celui qui affirme l'égalité; le mauvais côté,
c'est celui qui la nie et affirme l'inégalité. Toute nouvelle catégorie est une hypothèse du génie
social, pour éliminer l'inégalité engendrée par l'hypothèse précédente. En résumé,
l'égalité est
l'intention primitive, la tendance mystique, le but providentiel que le génie social a
constamment devant les yeux, en tournoyant dans le cercle des contradictions économiques.
Aussi la Providence est-elle la locomotive qui fait mieux marcher tout le bagage économique de M. Proudhon que sa raison pure et évaporée.
Il a consacré à la Providence tout un chapitre, qui suit celui des impôts.

Providence,but providentiel, voilà le grand mot dont on se sert aujourd'hui, pour expliquer la marche de l'histoire. Dans le fait ce mot n'explique rien. C'est tout au plus une forme déclamatoire, une manière comme une autre de paraphraser les faits.

(だから神意は、…
…歴史の進行を説明するために今日もちいられている大言壮語である。…)

       「Me voilà coupable encore d'adoration à la Providence !…」

Il est de fait qu'en Écosse les propriétés foncières obtinrent une valeur nouvelle par le développement de l'industrie anglaise. Cette industrie ouvrit de nouveaux débouchés à la laine. Pour produire la laine en grand, il fallait transformer les champs labourables en pâturages. Pour effectuer cette transformation, il fallait concentrer les propriétés.
Pour concentrer les propriétés, il fallait abolir les petites tenures, chasser des milliers de tenanciers de leur pays natal, et mettre à leur place quelques pasteurs surveillant des millions de moutons. Ainsi, par des transformations successives, la propriété foncière a eu pour résultat en Écosse de faire chasser les hommes par les moutons. Dites maintenant que le but providentiel de l'institution de la propriété foncière en Écosse avait été de faire chasser les hommes par les moutons, et vous aurez fait de l'histoire providentielle.

(神意にたいして、あれほど優しい気持を抱いているのであるから、)

      「Pasquinade!」

Certes,la tendance à l'égalité appartient à notre siècle. Dire maintenant que tous les siècle
antérieurs, avec des besoins, des moyens de production, etc.,
tout à fait différents, travaillaient providentiellement à la réalisation de l'égalité,
c'est d'abord substituer les moyens et les hommes de notre siècle aux hommes et aux moyens des siècles antérieurs, et méconnaître le mouvement historique par lequel
les générations successives transformaient (…事実のありふれた言いかえ方の一つである) les résultats acquis des générations qui les précédaient.

  

   「ー Quelle est cette chicane ? ― les générations transforment ! ―Je dis moi que le mème principe unit, gouverne, toutes les manifestations; ― je ne sais ce que c'est que transformation.
     La France de 89 a transformé son monarque absolu en monarque constitutional. Soil. Voilà votre style.
     Je dis, de mon côté, que l'Etat, en 89, a régularisré la division des pouvoirs politiques qui existait avant 89.
     Le lecteur jugera.
     La sixiéme observation tombe sur Hegel, et n'a trait à rien.」

Les économistes savent très bien que la même chose qui était pour l'un la matière ouvragée n'est pour l'autre que la matière première de nouvelle production.

Supposez,comme le fait M. Proudhon, que le génie social ait produit, ou plutôt improvise, les seigneurs féodaux dans le but providentiel de transformer les colons en travailleurs responsables et égalitaires; et vous aurez fait une substitution de buts et de personnes toute digne de cette Providence qui, en Écosse, instituait la propriété foncière, pour se donner le malin plaisir de faire chasser les hommes par les moutons.

Mais puisque M. Proudhon prend un intérêt si tendre à la Providence
(神意にたいして、あれほど優しい気持を抱いているのであるから、),
nous le renvoyons à l'Histoire de l'économie politique, de M. de Villeneuve-Bargemont, qui, lui aussi, court après un but providentiel. Ce but ce n'est plus l'égalité,c’est le catholicisme.

       「Quelle bêtise après ce que j'ai écrit ! ー En vérité, Marx est jaloux.
       (何と馬鹿げたことを、すでに私が書いているのに!ー本当のところ、マルクスは嫉妬しているのだ。)」

Septième et dernière observation

Leséconomistes ont une singulière manière de procéder. Il n'y a pour eux que deux sortes d'institutions,
celles de l'art et celles de la nature. Les institutions de la féodalité sont des institutions artificielles,
celles de la bourgeoisie sont des institutions naturelles. Ils ressemblent en ceci aux théologiens, qui, eux aussi,
établissent deux sortes de religions. Toute religion qui n'est pas la leur est une invention des hommes, tandis que leur propre religion est une émanation de Dieu. En disant que les rapports actuels - les rapports de la production bourgeoise -sont naturels, les économistes font entendre que ce sont là des rapports dans lesquels se crée la richesse et se développent les forces productives conformément aux lois de la nature. Donc ces rapports sont eux-mêmes des lois naturelles indépendantes de l'influence du temps. Ce sont des lois éternelles qui doivent toujours régir la société. Ainsi il y a eu de l'histoire, mais il n'y en a plus. Il y a eu de l'histoire, puisqu'il y a eu des institutions de féodalité, et que dans ces institutions de féodalité on trouve des rapports de production tout à fait différents de ceux de la société bourgeoise, que les économistes veulent faire passer pour naturels et partant éternels.

La féodalité aussi avait son prolétariat - le servage, qui renfermait tous les germes de la bourgeoisie. La production féodale aussi avait deux éléments antagonistes, qu'on désigne également sous le nom de

beau côté et de mauvais côté de la féodalité, sans considérer que c’est toujours le mauvais côté qui finit par l'emporter sur le côté beau. C'est le mauvais côté qui produit le mouvement qui fait l'histoire en constituant la lutte. Si,à l'époque du règne de la féodalité,
les économistes, enthousiasmés des vertus chevaleresques, de la bonne harmonie entre les droits et les devoirs,de la vie patriarcale des villes, de l'état de prospérité de l'industrie domestique dans les campagnes, du développement de l'industrie organisée par corporations, jurandes, maîtrises, enfin de tout ce qui constitue le beau côté de la féodalité, s'étaient proposé le problème d'éliminer tout ce qui fait ombre à ce
tableau - servage, privilèges, anarchie - qu'en serait-il arrivé? On aurait anéanti tous les éléments qui constituaient la lutte, et étouffé dans son germe le développement de la bourgeoisie. On se serait posé

l'absurde problème d'éliminer l'histoire.

Lorsque la bourgeoisie l’eut emporté, il ne fut plus question ni du bon, ni du mauvais côté de la féodalité.
Les forces productives qui s'étaient développées par elle sous la féodalité, lui furent acquises. Toutes
les anciennes formes économiques, les relations civiles qui leur correspondaient, l'état politique qui était
l'expression officielle de l'ancienne société civile,étaient brisés.

Ainsi,pour bien juger la production féodale(だから、封建的生産について正しい判断をくだすために、), il faut la considérer comme un mode de production fondé sur l'antagonisme.
       
 「Est-ce que Marx a la pr
étention de donner tout ceci comme sien, en opposition avec quelque chose de contraitre que j'aurais dit ?」

Il faut montrer comment la richesse se produisait au dedans de cet antagonisme, comment les forces productives se développaient en même temps que l'antagonisme des classes, comment l'une des
classes, le mauvais côté, l'inconvénient de la société, allait toujours croissant, jusqu'à ce que les conditions matérielles de son émancipation fussent arrivées au point de maturité. N'est-ce pas dire assez que le mode de production, les rapports dans lesquels les forces productives se développent, ne sont rien moins que des lois éternelles, mais qu'ils correspondent à un développement déterminé des hommes et de
leurs forces productives, et qu'un changement survenu dans les forces productives des hommes amène nécessairement un changement dans leurs rapports de production ? Comme il importe avant
tout de ne pas être privé des fruits de la civilisation, des forces productives acquises, il faut briser les formes
traditionnelles dans lesquelles elles ont été produites. Dès ce moment, la classe révolutionnaire
devient conservatrice.

La bourgeoisie commence avec un prolétariat qui lui-même est un reste du prolétariat des temps féodaux. Dans le cours de son développement historique, la bourgeoisie développe nécessairement son caractère
antagoniste, qui à son début se trouve être plus ou moins déguisé, qui n'existe qu'à l'état
latent. A mesure que la bourgeoisie se développe, il se développe dans son sein un nouveau prolétariat, un
prolétariat moderne : il se développe une lutte entre la classe prolétaire et la classe bourgeoise, lutte qui, avant
d'être sentie des deux côtés, aperçue,appréciée, comprise, avouée et hautement
proclamée, ne se manifeste préalablement que par des conflits partiels et momentanés, par des faits subversifs.
D'un autre côté, si tous les membres de la bourgeoisie moderne ont le même intérêt en tant qu'ils forment
une classe vis-à-vis d'une autre classe, ils ont des intérêts opposés, antagonistes, en tant qu'ils se trouvent les uns vis-à-vis des autres. Cette opposition des intérêts découle des conditions économiques de leur vie
bourgeoise. De jour en jour, il devient donc plus clair que les rapports de production dans lesquels se meut la bourgeoisie n'ont pas un caractère un, un caractère simple, mais un caractère de duplicité; que dans les mêmes rapports dans lesquels se produit la richesse la misère se produit aussi; que dans les mêmes rapports dans lesquels il y a développement des forces productives, il y a une force productrice de répression;
que ces rapports ne produisent la
richesse bourgeoise,

c'est-à-dire la richesse de la classe bourgeoise, qu'en anéantissant continuellement la richesse des membres
intégrants de cette classe et en produisant
un prolétariat toujours croissant(たえず増大するプルレタリアート).

      「Mais tout cela c'est moi!」

Plus le caractère antagoniste se met au jour, plus les économistes,les représentants scientifiques de la production bourgeoise, se brouillent avec leur propre théorie; et différentes écoles se forment.

Nous avons les économistes fatalistes, qui dans leur théorie sont aussi indifférents à ce qu'ils appellent les
inconvénients de la production bourgeoise, que les bourgeois eux-mêmes le sont dans la pratique aux souffrances des prolétaires qui les aident à acquérir des richesses. Dans cette école fataliste, il y a des classiques et des romantiques. Les classiques, comme Adam Smith et Ricardo,
représentent une bourgeoisie qui, luttant encore avec les restes de la société féodale, ne travaille qu'à

épurer les rapports économiques des tâches féodales, à augmenter les forces productives, et à
donner à l'industrie et au commerce un nouvel essor.
Le prolétariat participant à cette lutte, absorbé (この闘争に参加するプロレタリアートは、)
dans ce travail fébrile, n'a que des souffrances passagères,accidentelles, et lui-même les regarde comme telles.

      「J‘ai dit tout cela.(もうすべて私が書いたことだ。)」

Les économistes comme Adam Smith et Ricardo, qui sont les historiens de cette époque, n'ont d'autre mission que de démontrer comment la richesse s'acquiert dans les rapports de la production bourgeoise, de formuler ces rapports en catégories,
en lois, et de démontrer combien ces lois, ces catégories,
sont pour la production des richesses supérieures aux lois et aux catégories de la société féodale. La
misère n'est à leurs yeux que la douleur qui accompagne tout enfantement, dans la nature aussi bien que dans l'industrie.

Les romantiques appartiennent à notre époque, où la bourgeoisie est en opposition directe avec le prolétariat : où la misère s'engendre en aussi grande abondance que la richesse. Les économistes se posent alors en fatalistes blasés qui, du haut de leur position, jettent un superbe regard de dédain sur les hommes locomotives qui fabriquent les richesses. Ils copient tous les développements donnés par leurs prédécesseurs,
et l'indifférence qui chez ceux-là était de la naïveté devient pour eux de la coquetterie.

Vient ensuite l'école humanitaire, qui prend à cœur le mauvais côté des rapports de production
actuels. Celle-ci cherche, par acquit de conscience, à pallier tant soit peu les contrastes réels; elle déplore
sincèrement la détresse du prolétariat, la concurrence effrénée des bourgeois entre eux-mêmes;
elle conseille aux ouvriers d'être sobres, de bien travailler et de faire peu d'enfants; elle recommande aux bourgeois de mettre dans la production une ardeur réfléchie. Toute la théorie de cette école repose sur des distinctions interminables entre la théorie et la pratique, entre les principes et les résultats, entre l'idée et
l'application, entre le contenu et la forme, entre l'essence et la réalité, entre le droit et le fait, entre le bon et le
mauvais côté.

L'école philanthrope est l'école humanitaire perfectionnée.
Elle nie la nécessité de l'antagonisme; elle veut faire de tous les hommes des bourgeois; elle veut réaliser
la théorie en tant qu'elle se distingue de la pratique et qu'elle ne renferme pas d'antagonisme. Il va sans dire que, dans la théorie, il est aisé de faire abstraction des contradictions qu'on rencontre à chaque instant dans la
réalité. Cette théorie deviendrait alors la réalité idéalisée. Les philanthropes veulent donc conserver les catégories qui expriment les rapports bourgeois, sans avoir l'antagonisme qui les constitue et qui en est inséparable. Ils s'imaginent combattre sérieusement la pratique bourgeoise,
et ils sont plus bourgeois que les autres.

(しかし彼らは、他の人々よりもブルジョア的なのである。)

      「Marx fait comme Vidal.」

De même que les économistes sont les représentants scientifiques de la classe bourgeoise, de même les socialistes et les communistes sont les théoriciens de la classe prolétaire. Tant que le prolétariat n'est pas
encore assez développé pour se constituer en classe,
que, par conséquent, la lutte même du prolétariat avec la bourgeoisie n'a pas encore un caractère politique, et
que les forces productives ne se sont pas encore assez développées dans le sein de la bourgeoisie elle-même, pour laisser entrevoir les conditions matérielles nécessaires à l'affranchissement du prolétariat et à la formation d'une société nouvelle,
ces théoriciens ne sont que des utopistes qui, pour obvier aux besoins des classes opprimées, improvisent des systèmes (これらの理論家たちは、(被抑圧階級の欲求にそなえてそれにこたえるため、)もろもろの体系を一時のまにあわせにつくり、)et courent après une science régénératrice.

      「Plagiat de mon chapitre I
(er).」


Mais à mesure que
l'histoire marche et qu'avec elle la lutte du prolétariat se dessine plus nettement, ils n'ont plus besoin de chercher de la science
[8]

dans leur esprit, ils n'ont qu'à se rendre compte de ce qui se passe devant leurs yeux et de s'en faire l'organe. Tant qu'ils cherchent la science et ne font que des systèmes, tant qu'ils sont au début de la lutte, ils ne voient dans la misère que la misère, sans y voir le côté révolutionnaire, subversif, qui renversera la société
ancienne. Dès ce moment, la science produite par le mouvement historique, et s'y associant en pleine connaissance de cause, a cessé d'être doctrinaire, elle est devenue révolutionnaire.

Revenons à M. Proudhon.

(ではプルードンに戻ろう。)

      「Comment! revenons! Mais les pages qui precedent sont une copiu de moi.

      (なんだって!戻るだと!だが、今までの数頁は私からの引き写しだ。)」


Chaque rapport économique a un bon et un mauvais côté c'est le seul point dans lequel M. Proudhon ne se dément pas.
Le bon côté, il le voit exposé par les économistes; le mauvais côté, il le voit dénoncé par les socialistes. Il emprunte aux économistes la nécessité des rapports éternels; il emprunte aux socialistes l'illusion de ne voir dans la misère que la misère. Il est d'accord avec les uns et les autres en voulant s'en référer
à l'autorité de la science. La science, pour lui, se réduit aux minces proportions d'une formule scientifique; il est l'homme à la recherche des formules. C'est ainsi que M. Proudhon se flatte d'avoir donné la critique et de l'économie politique et du communisme : il est au-dessous de l'une et de l'autre. Au-dessous des économistes, puisque comme philosophe, qui a sous la main une formule magique, il a cru pouvoir se dispenser d'entrer dans des détails purement économiques; au-dessous des socialistes, puisqu'il n'a ni assez de courage, ni
assez de lumières pour s'élever, ne serait-ce que spéculativement, au-dessus de l'horizon bourgeois.

Il veut être la synthèse, il est une erreur composée.

Il veut planer en homme de science au-dessus des bourgeois et des prolétaires; il n'est que le petit bourgeois, ballotté constamment entre le Capital et le Travail, entre l'économie politique et le communisme.



Notes

[1]
Proudhon :
Ouvrage cité, tome I, p. 146.

[2]
Pour “ ... l'individuallté d'une maison ”. (N.R.)

[3]
Hegel :
Logique, tome III.

[4]
Ceci était tout à fait exact en l'an 1847. A cette époque le commerce mondial des États-Unis se limitait,pour l'essentiel, à l'importation d'immigrants et de produits industriels et à l'exportation de coton et de tabac, donc de produits du travail des esclaves du Sud. Les États du Nord produisaient principalement du blé et de la viande pour les États esclavagistes. C'est seulement à partir du moment où le Nord ne mit à produire du blé et de la viande pour l'exportation et devint parallèlement un pays industriel, et à partir du moment où le monopole du cotonnier des États-Unis a vu naître une puissante concurrence en Égypte, au Brésil et aux Indes que l'abolition de l'esclavage était possible. Même alors elle eut pour conséquence la ruine du Sud qui n'a pas réussi à remplacer l'esclavage patent des Noirs par l'esclavage camouflé des coolies chinois et Indiens. (Note d’Engels pour
l'édition de 1885.)

[5]
Proudhon :
Ouvrage cité, tome II, p. 97.

[6]
Proudhon :
Ouvrage cité, tome II, p. 102.

[7]
Proudhon :
Ouvrage cité, tome I, p. 133.

[8]
Pour “ ... chercher la science ”. (N.R.)



2分業と機械

Misère de la philosophie
K. Marx
II : La métaphysique de l’économie politique
La division du travail et les machines


La division du travail ouvre, d'après M. Proudhon, la série des évolutions économiques.

Bon côté de la division du travail. “Considérée dans son essence, la division du travail est le mode selon lequel se réalise l'égalité des conditions et des intelligences. ” (Tome 1er, p. 93.)
Mauvais côté de la division du travail “La division du travail est devenue pour nous un instrument de misère. ” (Tome 1er, p. 94.)
VARIANTE
“Le travail en se divisant selon la loi qui lui est propre, et qui est la condition première de sa fécondité, aboutit à la négation de ses fins et se détruit lui-même. ” (Tome 1er, p. 94.)
Problème à résoudre. Trouver “ la recomposition qui efface les inconvénients de la division, tout en conservant ses effets utiles ”. (Tome 1er, p. 97.)
La division du travail est, d'après M. Proudhon, une loi éternelle, une catégorie simple et abstraite. Il faut donc aussi que l'abstraction, l'idée, le mot lui suffise pour expliquer la division du travail aux différentes époques de l'histoire. Les castes, les corporations, le régime manufacturier, la grande industrie doivent s'expliquer par le seul mot diviser. Étudiez d'abord bien le sens de diviser, et vous n'aurez pas besoin d'étudier les nombreuses influences qui donnent à la division du travail un caractère déterminé à chaque époque.

Certes, ce serait rendre les choses par trop simples(ものごとをあまりにも簡単なものにしてしまうことであろう。),
que de les réduire aux catégories de M. Proudhon.

        「Qu'est-ce que tout cela prouve ?
        Que l'humanité progresse lentement.」


l'histoire ne procède pas aussi catégoriquement. Il a fallu trois siècles entiers, en Allemagne, pour établir la première division du travail en grand, qui est la séparation des villes d'avec les campagnes. A mesure que se modifiait ce seul rapport de la ville a la campagne, la société se modifiait tout entière. A n'envisager que cette seule face de la division du travail, vous avez les Républiques anciennes ou la féodalité chrétienne; l'ancienne Angleterre avec ses barons, ou l'Angleterre moderne avec ses seigneurs du coton (cotton-lords). Au XIV° et au XV° siècles, lorsqu'il n'y avait pas encore de colonies, que l'Amérique n'existait pas encore pour l'Europe, que l'Asie n'existait que par l'intermédiaire de Constantinople, que la Méditerranée était le centre de l'activité commerciale, la division du travail avait une tout autre forme, un tout autre aspect qu'au XVII° siècle, alors que les Espagnols, les Portugais, les Anglais, les Français avaient des colonies établies dans toutes les parties du monde. L'étendue du marché, sa physionomie donnent à la division du travail aux différentes époques une physionomie, un caractère qu'il serait difficile de déduire du seul mot diviser, de l'idée, de la catégorie.

Tous les économistes, dit M. Proudhon, depuis A. Smith ont signalé les avantages et les inconvénients de la loi de division, mais en insistant beaucoup plus sur les premiers que sur les seconds, parce que cela servait mieux leur optimisme, et sans qu'aucun d'eux se soit jamais demandé ce que pouvaient être les inconvénients d'une loi... Comment le même principe, poursuivi rigoureusement dans ses conséquences conduit-il à des effets diamétralement opposés ? Pas un économiste, ni avant ni depuis Smith, ne s'est seulement aperçu qu'il y eût là un problème à éclaircir. Say va jusqu'à reconnaître que dans la division du travail, la même cause qui produit le bien engendre le mal.

A. Smith a vu plus loin que ne le pense M. Proudhon.(アダム・スミスはプルードン氏が考えているよりも、もっと先を見ている。)


           
 「Bien.」


Il a très bien vu que dans la réalité la différence des talents naturels entre les individus est bien moindre que nous ne le croyons. Ces dispositions si différentes, qui semblent distinguer les hommes des diverses professions, quand ils sont parvenus à la maturité de l'âge, ne sont pas tant la cause que l'effet de la division du travail.
Dans le principe, un portefaix diffère moins d'un philosophe qu'un mâtin d'un lévrier. C'est la division du travail qui a mis un abîme entre l'un et l'autre.
Tout cela n'empêche pas M. Proudhon de dire, dans un autre endroit, qu'Adam Smith ne se doutait même pas des inconvénients que produit la division du travail.(このことはまったく、プルードン氏が別の個所で、アダム・スミスは分業の生みだす欠陥に気づいてもいなかった、と述べることを妨げないのである。)

        「Bien. Mais Smith a-t-il éclairci le problème ? ーNon.」


C'est encore ce qui lui fait dire que J.-B. Say a le premier reconnu

que dans la division du travail, la même cause qui produit le bien engendre le mal.
Mais écoutons Lemontey : Suum cuique [1].

M. J.B. Say m'a fait l'honneur d'adopter dans son excellent traité d'économie politique, le principe que j'ai mis au jour dans ce fragment sur l'influence morale de la division du travail. Le titre un peu frivole de mon livre ne lui a sans doute pas permis de me citer. Je ne puis attribuer qu'à ce motif le silence d'un écrivain trop riche de son propre fonds pour désavouer un emprunt aussi modique [2].
Rendons-lui cette justice : Lemontey a spirituellement exposé les conséquences fâcheuses de la division du travail telle qu'elle est constituée de nos jours, et M. Proudhon n'a rien trouvé à y ajouter. Mais puisque, par la faute de M. Proudhon, nous sommes une fois engagé dans cette question de priorité, disons encore en passant que, bien longtemps avant M. Lemontey, et dix-sept ans avant Adam Smith, élève d'A. Ferguson, celui-ci a exposé nettement la chose dans un chapitre qui traite spécialement de la division du travail.

Il y aurait lieu même de douter si la capacité générale d'une nation croît en proportion du progrès des arts. Plusieurs arts mécaniques... réussissent parfaitement lorsqu'ils sont totalement destitués du secours de la raison et du sentiment, et l'ignorance est la mère de l'industrie aussi bien que de la superstition. La réflexion et l'imagination sont sujettes à s'égarer : mais l'habitude de mouvoir le pied ou la main ne dépend ni de l'une ni de l'autre. Ainsi on pourrait dire que la perfection, à l'égard des manufactures, consiste à pouvoir se passer de l'esprit, de manière que sans effort de tête l'atelier puisse être considéré comme une machine dont les parties sont des hommes... L'officier général peut être très habile dans l'art de la guerre, tandis que tout le mérite du soldat se borne à exécuter quelques mouvements du pied ou de la main. L'un peut avoir gagné ce que l'autre a perdu... Dans une période où tout est séparé, l'art de penser peut lui-même former un métier à part
[3].
Le problème n'est pas éclairci.
Pour terminer l'aperçu littéraire, nous nions formellement que tous les économistes aient insisté beaucoup plus sur les avantages que sur les inconvénients de la division du travail.
Il suffit de nommer Sismondi.

Ainsi, pour ce qui concerne les avantages de la division du travail, M. Proudhon n'avait rien d'autre à faire que de paraphraser plus ou moins pompeusement les phrases générales que tout le monde connaît.

Voyons maintenant comment il fait dériver de la division du travail prise comme loi générale, comme catégorie, comme pensée, les inconvénients qui y sont attachés. Comment se fait-il que cette catégorie, cette loi, implique une répartition inégale du travail au détriment du système égalitaire de M. Proudhon ?

A cette heure solennelle de la division du travail, le vent des tempêtes commence à souffler sur l'humanité. Le progrès ne s'accomplit pas pour tous d'une manière égale et uniforme; ... il commence par s'emparer d'un petit nombre de privilégiés... C'est cette acception de personnes de la part du progrès qui a fait croire si longtemps à l'inégalité naturelle et providentielle des conditions, enfanté les castes et constitué hiérarchiquement toutes les sociétés [4].
La division du travail a fait les castes. Or, les castes, ce sont les inconvénients de la division du travail; donc c'est la division du travail qui a engendré les inconvénients. Quod erat demonstrandum [5]. Veut-on aller plus loin et demandera-t-on ce qui a fait faire à la division du travail les castes, les constitutions hiérarchiques et les privilégiés ? M. Proudhon vous dira : Le progrès. Et qu'est-ce qui a fait le progrès ? La borne. La borne, pour M. Proudhon, c'est l'acception de personnes de la part du progrès.

Après la philosophie vient l'histoire. Ce n'est plus ni de l'histoire descriptive, ni de l'histoire dialectique, c’est de l'histoire comparée. M. Proudhon établit un parallèle entre l'ouvrier imprimeur actuel et l'ouvrier imprimeur du moyen âge; entre l'ouvrier du Creusot et le maréchal-ferrant de la campagne; entre l'homme de lettres de nos jours et l'homme de lettres du moyen âge, et il fait pencher la balance du côté de ceux qui appartiennent plus ou moins à la division du travail telle que le moyen âge l'a constituée ou transmise. Il oppose la division du travail d'une époque historique à la division du travail d'une autre époque historique. Était-ce là ce que M. Proudhon avait à démontrer ? Non. Il devait nous montrer les inconvénients de la division du travail en général, de la division du travail comme catégorie. A quoi bon d'ailleurs insister sur cette partie de l'ouvrage de M. Proudhon, puisque nous le verrons un peu plus loin rétracter lui-même formellement tous ces prétendus développements ?

Le premier effet du travail parcellaire, continue M. Proudhon, après la dépravation de l'âme, est la prolongation des séances qui croissent en raison inverse de la somme d'intelligence dépensée... Mais comme la durée des séances ne peut excéder seize à dix-huit heures par jour, du moment où la compensation ne pourra se prendre sur le temps, elle se prendra sur le prix et le salaire diminuera... Ce qui est certain et qu'il s'agit uniquement pour nous de noter, c'est que la conscience universelle ne met pas au même taux le travail d'un contremaître et la manœuvre d'un goujat. Il y a donc nécessité de réduction sur le prix de la journée : en sorte que le travailleur, après avoir été affligé dans son âme par une fonction dégradante, ne peut manquer d'être frappé aussi dans son corps par la modicité de la récompense.
Nous passons sur la valeur logique, de ces syllogismes, que Kant appellerait des paralogismes donnant de côté.

En voici la substance :

La division du travail réduit l'ouvrier à une fonction dégradante; à cette fonction dégradante correspond une âme dépravée; à la dépravation de l'âme convient une réduction toujours croissante du salaire. Et pour prouver que cette réduction des salaires convient à une âme dépravée,
M. Proudhon dit, par acquit de conscience, que c'est la conscience universelle qui le veut ainsi. L'âme de M. Proudhon est-elle comptée dans la conscience universelle ?(「細分された労働の第一の結果は」とプルードン氏はつづける、…

…プルードン氏は、この賃金の低下が堕落した魂に相応することを証明するために、…だと言って、)

       「Allons, cher Marx, vous êtes de mauvaise foi ,et tout à la fois vous ne savez rien.」


Les machines sont, pour M. Proudhon, l' “ antithèse logique de la division du travail ”, et, à l'appui de la dialectique, il commence par transformer les machines en atelier.

Après avoir supposé l'atelier moderne, pour faire découler de la division du travail la misère, M. Proudhon suppose la misère engendrée par la division du travail, pour arriver à l'atelier et pour pouvoir le représenter comme la négation dialectique de cette misère. Après avoir frappé le travailleur au moral par une fonction dégradante, au physique par la modicité du salaire; après avoir mis l'ouvrier dans la dépendance du contremaître, et rabaissé son travail jusqu'à la manœuvre d'un goujat [6], il s'en prend de nouveau à l'atelier et aux machines pour dégrader le travailleur “ en lui donnant un maître ”, et il achève son avilissement en le faisant “ déchoir du rang d'artisan à celui de manœuvre ”. La belle dialectique ! Et encore s'il s'en tenait là; mais non, il lui faut une nouvelle histoire de la division du travail, non plus pour en faire dériver les contradictions, mais pour reconstruire l'atelier à sa manière. Pour arriver à ce but, il a besoin d'oublier tout ce qu'il vient de dire sur la division.

Le travail s'organise, se divise autrement selon les instruments dont il dispose. Le moulin à bras suppose une autre division du travail que le moulin à vapeur. C'est donc heurter de front l'histoire que de vouloir commencer par la division du travail en général, pour en venir ensuite à un instrument spécifique de production, les machines.

Les machines ne sont pas plus une catégorie économique, que ne saurait l'être le bœuf qui traîne la charrue.
Les machines ne sont qu'une force productive.(機械は一つの生産力であるにすぎない。)

        「C'est un philosophie qui dit cela.」


L'atelier moderne, qui repose sur l'application des machines, est un rapport social de production, une catégorie économique.

Voyons maintenant comment les choses se passent dans la brillante imagination de M. Proudhon.

Dans la société, l'apparition incessante des machines est l'antithèse, la formule inverse du travail : c'est la protestation du génie industriel contre le travail parcellaire et homicide, Qu'est-ce en effet qu'une machine ? Une manière de réunir diverses particules du travail, que la division avait séparées. Toute machine peut être définie un résumé de plusieurs opérations... Donc par la machine, il y aura restauration de travailleur... Les machines, se posant dans l'économie politique contradictoirement à la division du travail, représentent la synthèse, s'opposant dans l'esprit humain à l'analyse... La division ne faisait que séparer les diverses parties du travail, laissant chacun se livrer à la spécialité qui lui agréait le plus : l'atelier groupe les travailleurs, selon le rapport de chaque partie au tout... il introduit le principe d'autorité dans le travail... Mais ce n’est pas tout : la machine ou l'atelier, après avoir dégradé le travailleur en lui don. nant un maître, achève son avilissement en le faisant déchoir du rang d'artisan à celui de manœuvre... La période que nous parcourons en ce moment, celle des machines, se distingue par un caractère particulier, c'est le salariat. Le salariat est postérieur à la division du travail et à l'échange.
Une simple observation à M. Proudhon. La séparation des diverses parties du travail, laissant à chacun la faculté de se livrer à la spécialité qui lui agrée le plus, séparation que M. Proudhon fait dater du commencement du monde, n'existe que dans l'industrie moderne sous le régime de la concurrence.

M. Proudhon nous fait ensuite une “ généalogie ” par trop “ intéressante ”, pour démontrer comment l'atelier est né de la division du travail, et le salariat de l'atelier.

1º Il suppose un homme qui

a remarqué qu'en divisant la production en ses diverses parties, et la faisant exécuter chacune par un ouvrier à part,
on multiplierait les forces de production.

2º Cet homme,

saisissant le fil de cette idée, se dit qu'en formant un groupe permanent de travailleurs assortis pour l'objet spécial qu'il se propose, il obtiendra une production plus soutenue, etc.
3º Cet homme fait une proposition à d'autres hommes, pour leur faire saisir son idée et le fil de son idée.

4º Cet homme, au début de l'industrie, traite d'égal à égal avec ses compagnons devenus plus tard ses ouvriers.



Il est sensible, en effet, que cette égalité primitive a dû rapidement disparaître par la position avantageuse du maître et la dépendance du salarié.
Voilà encore un échantillon de la méthode historique et descriptive de M. Proudhon.

Examinons maintenant, sous le point de vue historique et économique, si véritablement l'atelier ou la machine a introduit le principe d’autorité dans la société postérieurement à la division du travail; s'il a d'un côté réhabilité l'ouvrier, tout en le soumettant de l'autre à l'autorité; si la machine est la recomposition du travail divisé, la synthèse du travail opposée à son analyse.

La société tout entière a cela de commun avec l'intérieur d'un atelier, qu'elle aussi a sa division du travail. Si l'on prenait pour modèle la division du travail dans un atelier moderne, pour en faire l'application à une société entière, la société la mieux organisée pour la production des richesses serait incontestablement celle qui n'aurait qu'un seul entrepreneur en chef, distribuant la besogne selon une règle arrêtée d'avance aux divers membres de la communauté. Mais il n'en est point ainsi. Tandis que dans l'intérieur de l'atelier moderne la division du travail est minutieusement réglée par l'autorité de l'entrepreneur, la société moderne n'a d'autre règle, d'autre autorité, pour distribuer le travail, que la libre concurrence.

Sous le régime patriarcal, sous le régime des castes, sous le régime féodal et corporatif, il y avait division du travail dans la société tout entière selon des règles fixes. Ces règles ont-elles été établies par un législateur ? Non. Nées primitivement des conditions de la production matérielle, elle n'ont été érigées en lois que bien plus tard. C'est ainsi que ces diverses formes de la division du travail devinrent autant de bases d'organisation sociale. Quant à la division du travail dans l'atelier, elle était très peu développée dans toutes ces formes de la société.

On peut même établir en règle générale, que moins l'autorité préside à la division du travail dans l'intérieur de la société, plus la division du travail se développe dans l'intérieur de l'atelier, et plus elle y est soumise à l'autorité d'un seul. Ainsi, l'autorité dans l'atelier et celle dans la société, par rapport à la division du travail, sont en raison inverse l’une de l'autre.

Il importe maintenant de voir ce que c'est que l'atelier, dans lequel les occupations sont très séparées, où la tâche de chaque ouvrier est réduite à une opération très simple, et où, l'autorité, le capital, groupe et dirige les travaux. Comment cet atelier a-t-il pris naissance ? Pour répondre à cette question, nous aurions à examiner, comment l'industrie manufacturière proprement dite s'est développée. J'entends parler de cette industrie qui n'est pas encore l'industrie moderne, avec ses machines, mais qui n'est déjà plus ni l'industrie des artisans du moyen âge, ni l'industrie domestique. Nous n'entrerons pas en de grands détails : nous ne donnerons que quelques points sommaires, pour faire voir qu'avec des formules on ne peut pas faire de l'histoire.

Une condition des plus indispensables pour la formation de l'industrie manufacturière était l'accumulation des capitaux, facilitée par la découverte de l'Amérique et l'introduction de ses métaux précieux.

Il est suffisamment prouvé que l'augmentation des moyens d'échange eut pour conséquence, d'un côté, la dépréciation des salaires et des rentes foncières, et de l'autre l'accroissement des profits industriels. En d'autres termes : autant la classe des propriétaires et la classe des travailleurs, les seigneurs féodaux et le peuple tombèrent, autant s'éleva la classe des capitalistes, la bourgeoisie.

Il y eut d'autres circonstances encore qui concoururent simultanément au développement de l'industrie manufacturière : l'augmentation des marchandises mises en circulation dès que le commerce pénétra aux Indes orientales par la voie du cap de Bonne-Espérance, le régime colonial, le développement du commerce maritime.

Un autre point qu'on n'a pas encore assez apprécié dans l'histoire de l'industrie manufacturière, c'est le licenciement des nombreuses suites des seigneurs féodaux, dont les membres subalternes devinrent des vagabonds avant d'entrer dans l'atelier. La création de l'atelier est précédée d'un vagabondage presque universel au XV° et au XVI° siècles. L'atelier trouva encore un puissant appui dans les nombreux paysans qui, chassés continuellement des campagnes par la transformation des champs en prairies et par les travaux agricoles nécessitant moins de bras pour la culture des terres, vinrent affluer dans les villes pendant des siècles entiers.

L'agrandissement du marché, l'accumulation des capitaux, les modifications survenues dans la position sociale des classes, une foule de personnes se trouvant privées de leurs sources de revenu, voilà autant de conditions historiques pour la formation de la manufacture. Ce ne furent pas, comme dit M. Proudhon, des stipulations à l'amiable entre des égaux qui ont rassemblé les hommes dans l'atelier. Ce n'est pas même dans le sein des anciennes corporations que la manufacture a pris naissance. Ce fut le marchand qui devint chef de l'atelier moderne, et non pas l'ancien maître des corporations. Presque partout il y eut une lutte acharnée entre la manufacture et les métiers.

L'accumulation et la concentration d'instruments et de travailleurs précéda le développement de la division du travail dans l'intérieur de l'atelier. Une manufacture consistait beaucoup plus dans la réunion de beaucoup de travailleurs et de beaucoup de métiers dans un seul endroit, dans une salle sous le commandement d'un capital, que dans l'analyse des travaux et dans l'adaptation d'un ouvrier spécial à une tâche très simple.

L'utilité d'un atelier consistait bien moins dans la division du travail proprement dite, que dans cette circonstance qu'on travaillait sur une plus grande échelle, qu'on épargnait beaucoup de faux frais, etc. A la fin du XVI° et au commencement du XVII° siècle, la manufacture hollandaise connaissait à peine la division.

Le développement de la division du travail suppose la réunion des travailleurs dans un atelier. Il n'y a même pas un seul exemple, ni au XVI°, ni au XVII° siècle, que les diverses branches d'un même métier aient été exploitées séparément au point qu'il aurait suffi de les réunir dans un seul endroit pour obtenir l'atelier tout fait. Mais une fois les hommes et les instruments réunis, la division du travail telle qu'elle existait sous la forme des corporations se reproduisait, se reflétait nécessairement dans l'intérieur de l'atelier.

Pour M. Proudhon, qui voit les choses à l'envers
(ものごとを見るにしてもそれを逆に見るプルードン氏にとっては),
si toutefois il les voit, la division du travail dans le sens d'Adam Smith, précède l'atelier, qui en est une condition d'existence.

        「Non pas la division dans le sens d'A. Smith , mais la grande division naturelle des métiers.」


Les machines proprement dites datent de la fin du XVIII° siècle. Rien de plus absurde que de voir dans les machines l'antithèse de la division du travail, la synthèse rétablissant l'unité dans le travail morcelé.(本来の意味での機械は、一八世紀末から存在している。機械を分業の反定立と考えたり、細分された労働の統一を回復する総合と考えたりするほど、ばかげたことはない。)

        「Je maintiens cela.」


La machine est une réunion des instruments de travail, et pas du tout une combinaison des travaux pour l'ouvrier lui-même.

Quand, par la division du travail, chaque opération particulière a été réduite à l'emploi d'un instrument simple, la réunion de tous ces instruments, mis en action par un seul moteur, constitue - une machine [7].Babbage,Paris,1833.(分業によって…バビッジ、パリ、1833)

       「Donc la machine vient après la division.」

Outils simples, accumulation (簡単な道具、これらの道具の集積)
des outils, outils composés, mise en mouvement d'un outil composé par un seul moteur manuel, par l'homme, mise en mouvement de ces instruments par les forces naturelles, machine, système des machines ayant un automate pour moteur, - voilà la marche des machines.

       「Donc l'atelier qui groupe les parties du travail vient aussi après la division.」


La concentration des instruments de production et la division du travail sont aussi inséparables l'une de l'autre que le sont, dans le régime politique, la concentration des pouvoirs publics et la division des intérêts privés.(生産諸用具の集中…不可分である。)

       「Sans doute,il ne s'agit que d'une succession logique.」


L'Angleterre, avec la concentration des terres, ces instruments du travail agricole, a également la division du travail agricole et la mécanique appliquée à l'exploitation de la terre. La France, qui a la division des instruments, le régime parcellaire, n'a en général ni division du travail agricole ni application des machines à la terre.

Pour M. Proudhon, la concentration
des instruments de travail est la négation de la division du travail.
(プルードン氏にとっては、労働用具の集中は分業の否定である。)


        
「Oui.」


Dans la réalité, nous trouvons encore le contraire.
A mesure que la concentration des instruments se développe, la division se développe aussi et vice versa.
(用具の集中が発展するのに応じて分業もまた発展し、分業が発展するのに応じて用具の集中もまた発展する。)


     「Oui aussi, tout cela est vrai en mème temps.」


Voilà ce qui fait que toute grande invention dans la mécanique est suivie d'une plus grande division du travail, et
chaque accroissement dans la division du travail amène à son tour de nouvelles inventions mécaniques.(分業におけるすべての発展がこんどはまた、機械装置におけるあらたな諸発明をもたらすことになるのである。)

Très bien, cela s'explique dans ma théorie parfaitement, comme le développement parallèle de la richesse et de la misère.」

Nous n'avons pas besoin de rappeler que les grands progrès de la division du travail ont commencé en Angleterre après l'invention des machines. Ainsi les tisserands et les fileurs étaient pour la plupart des paysans tels qu'on en rencontre encore dans les pays arriérés. L'invention des machines a achevé de séparer l'industrie manufacturière de l'industrie agricole. Le tisserand et le fileur, réunis naguère dans une seule famille, furent séparés par la machine. Grâce à la machine, le fileur peut habiter l'Angleterre en même temps que le tisserand séjourne aux Indes orientales. Avant l'invention des machines, l'industrie d'un pays s'exerçait principalement sur les matières premières qui étaient le produit de son propre sol : ainsi en Angleterre la laine, en Allemagne le lin, en France les soies et le lin, aux Indes orientales et dans le Levant le coton, etc. Grâce à l'application des machines et de la vapeur, la division du travail a pu prendre de telles dimensions que la grande industrie, détachée du sol national, dépend uniquement du marché de l'univers, des échanges internationaux, d'une division de travail internationale. Enfin, la machine exerce une telle influence sur la division du travail que, lorsque dans la fabrication d'un ouvrage quelconque, on a trouvé le moyen d'introduire partiellement la mécanique, la fabrication se divise aussitôt en deux exploitations indépendantes l'une de l'autre.

Faut-il parler du but providentiel et philanthropique que M. Proudhon découvre dans l'invention et l'application primitive des machines ?

Lorsque, en Angleterre, le marché eut pris un tel développement que le travail manuel n'y pouvait plus suffire,- on éprouva le besoin des machines. On songeait alors à faire l'application de la science mécanique, déjà toute faite au XVIII° siècle.

L'atelier automatique
marqua son début par des actes qui n'étaient rien moins que philanthropiques. Les enfants furent tenus au travail à coups de fouet; on en faisait un objet de trafic, et on passait un contrat avec les maisons des orphelins. On abolit toutes les lois sur l'apprentissage des ouvriers, parce que, pour nous servir des phrases de M. Proudhon, on n'avait plus besoin des ouvriers synthétiques. Enfin, depuis 1825, presque toutes les nouvelles inventions furent le résultat des collisions entre l'ouvrier et l'entrepreneur qui cherchait à tout prix à déprécier la spécialité de l'ouvrier. Après chaque nouvelle grève tant soit peu importante, surgit une nouvelle machine. L'ouvrier voyait si peu dans l'application des machines une espèce de réhabilitation, de restauration, comme dit M. Proudhon, qu'au XVIII° siècle, il résista pendant bien longtemps à l'empire naissant de l'automate.(自動機械工場は、…自動機械の、発生しつつある絶対的支配にたいして(抵抗したのであった。))

       「Absurde, comme l'opinion qui croit déshonorer la balance du commerce par les vexations de la douane.」

Wyatt, dit le docteur Ure, avait découvert les doigts fileurs [la série des rouleaux cannelés], longtemps avant Arkwright... La principale difficulté ne consistait pas autant dans l'invention d'un mécanisme automatique... La difficulté consistait surtout dans la discipline nécessaire pour faire renoncer les hommes à leurs habitudes irrégulières dans le travail, et pour les identifier avec la régularité invariable d'un grand automate. Mais inventer et mettre en vigueur un code de discipline manufacturière, convenable aux besoins et à la célérité du système automatique, voilà une entreprise digne d'Hercule, voilà le noble ouvrage d'Arkwright.
En somme, par l'introduction des machines la division du travail dans l'intérieur de la société s'est accrue, la tâche de l'ouvrier dans l'intérieur de l'atelier s'est simplifiée, le capital a été réuni, l'homme a été dépecé davantage.

M. Proudhon veut-il être économiste et abandonner pour un instant “ l'évolution dans la série de l'entendement ”, alors il va puiser son érudition dans A. Smith, au temps où l'atelier automatique ne faisait que de naître.
En effet, quelle différence entre la division du travail telle qu'elle existait du temps d'Adam Smith et telle que nous la voyons dans l'atelier automatique
(だが実際、…われわれが今自動機械工場で見るような分業とのあいだには、なんという相違があることだろう!).
Pour bien la faire comprendre, il suffira de citer quelques passages de la Philosophie des manufactures, du docteur Ure.

         「La division, pour moi, remonte plus haut qu'A. Smith ; elle est prise aussi dans un sens plus large.」


Lorsque A. Smith écrivit son ouvrage immortel sur les éléments de l'économie politique, le système automatique d'industrie était encore à peine connu. La division du travail lui parut avec raison le grand principe du perfectionnement en manufacture; il démontra, dans la fabrique des épingles, qu'un ouvrier en se perfectionnant par la pratique sur un seul et même point devient plus expéditif et moins coûteux. Dans chaque branche de manufacture, il vit que d'après ce principe certaines opérations, telles que la coupe des fils de laiton en longueurs égales, deviennent d'une exécution facile; que d'autres, telles que la façon et l'attache des têtes d'épingle, sont à proportion plus difficiles : il en conclut donc que l'on peut naturellement approprier à chacune de ces opérations un ouvrier dont le salaire corresponde à son habileté. C'est cette appropriation qui est l'essence de la division des travaux. Mais ce qui pouvait servir d'exemple utile du temps du docteur Smith ne serait propre aujourd'hui qu'à induire le public en erreur relativement au principe réel de l'industrie manufacturière. En effet, la distribution, ou plutôt l'adaptation des travaux aux différentes capacités individuelles, n'entre guère dans le plan d'opérations des manufactures automatiques : au contraire, partout où un procédé quelconque exige beaucoup de dextérité et une main sûre, on le retire du bras de l'ouvrier trop adroit et souvent enclin à des irrégularités de plusieurs genres, pour en charger un mécanisme particulier, dont l'opération automatique est si bien réglée qu'un enfant peut la surveiller.

Le principe du système automatique est donc
(それゆえ、自動機械制度の原理は、…)
de substituer l'art mécanique à la main-d’œuvre et de remplacer la division du travail entre les artisans par l'analyse d'un procédé dans ses principes constituants.

          「 L'un n'est que la conséquence de l'autre; et tout ce qui se dit du premier convient au second.」


Selon le système de l'opération manuelle la main-d’œuvre était ordinairement l'élément le plus dispendieux d'un produit quelconque; mais d'après le système automatique, les talents de l'artisan se trouvent progressivement suppléés par de simples surveillants de mécanique.
La faiblesse de la nature humaine est telle que plus l'ouvrier est habile, plus il devient volontaire et intraitable, et, par conséquent, moins il est propre à un système de mécanique à l'ensemble duquel ses boutades capricieuses peuvent faire un tort considérable. Le grand point du manufacturier actuel est donc, en combinant la science avec ses capitaux, de réduire la tâche de ses ouvriers à exercer leur vigilance et leur dextérité, facultés bien perfectionnées dans leur jeunesse, lorsqu’on les fixe sur un seul objet.
D'après le système des gradations du travail, il faut faire un apprentissage de plusieurs années avant que l'œil et la main deviennent assez habiles pour exercer certains tours de force en mécanique,. mais selon le système qui décompose un procédé en le réduisant à ses principes constitutifs, et qui en soumet toutes les parties à l'opération d'une machine automatique, on peut confier ces mêmes parties élémentaires à une personne douée d'une capacité ordinaire, après l'avoir soumise à une courte épreuve; on peut même, en cas d'urgence, la faire passer d'une machine à l'autre, à la volonté du directeur de l'établissement.


De telles mutations sont en opposition ouverte avec l'ancienne routine qui divise le travail (このような配置の転換は、…旧来の慣例に公然と対立するものである。)
et qui assigne à un ouvrier la tâche de façonner la tête d'une épingle, et à un autre celle d'en aiguiser la pointe, travail dont l'uniformité ennuyeuse les énerve...

           「 Très bien : j'ai marqué cette opposition ―, la dégradation de l'ouvrier est plus avancée dans ce que vous appelez systéme automatique que dans ce qu'A. Smith appelle division : ー quant à moi, j' ai marqué ces deux degrés par la Division, et machines.

      J'ai dit : la Division du Travail morcelle, mutile, éparpille l'homme ; ― Les machines l'asservissent : c'est exactement la même chose que le Dr Ure.」

Mais, d'après le principe d'égalisation ou le système automatique. les facultés de l'ouvrier ne sont soumises qu'à un exercice agréable, etc. Son emploi étant de veiller au travail d'un mécanisme bien réglé, il peut l'apprendre en peu de temps; et lorsqu'il transfère ses services d'une machine a une autre, il varie sa tâche et développe ses idées, en réfléchissant aux combinaisons générales qui résultent de ses travaux et de ceux de ses compagnons. Ainsi cette contrainte des facultés, ce rétrécissement des idées, cet état de gêne du corps qui ont été attribués non sans raison à la division du travail, ne peuvent dans des circonstances ordinaires avoir lieu sous le régime d'une égale distribution des travaux.
Le but constant et la tendance de tout perfectionnement dans le mécanisme est en effet de se passer entièrement du travail de l'homme et d'en diminuer le prix, en substituant l'industrie des femmes et des enfants à celle de l'ouvrier adulte, ou le travail d'ouvriers grossiers à celui d'habiles artisans... Cette tendance à n'employer que des enfants au regard vif et aux doigts déliés, au lieu de journaliers possédant une longue expérience, démontre que le dogme scolastique de la division du travail selon les différents degrés d'habileté a enfin été exploité par nos manufacturiers éclairés [8].
Ce qui caractérise la division du travail dans l'intérieur de la société moderne, c’est qu'elle engendre les spécialités, les espèces et avec elles l'idiotisme du métier.

Nous sommes frappés d'admiration, dit Lemontey, en voyant parmi les anciens le même personnage être à la fois dans un degré éminent, philosophe, poète, orateur, historien, prêtre, administrateur, général d'armée. Nos âmes s'épouvantent à l'aspect d'un si vaste domaine. Chacun plante sa haie et s'enferme dans son enclos. J'ignore si par cette découpure le champ s'agrandit mais je sais bien que l'homme se rapetisse.
Ce qui caractérise la division du travail dans l'atelier automatique, c’est que le travail y a perdu tout caractère de spécialité.
Mais du moment que tout développement spécial cesse(しかし、すべての特殊的な発展が停止するとき、), le besoin d'universalité, la tendance vers un développement intégral de l'individu commence à se faire sentir. L'atelier automatique efface les espèces et l'idiotisme du métier.

        「Bon! Et comment entendrez-vous ce développement intégral ?」

M. Proudhon, n'ayant même pas compris ce seul côté révolutionnaire de l'atelier automatique, fait un pas en arrière, et propose à l’ouvrier de faire non seulement la douzième partie d'une épingle, mais successivement toutes les douze parties.
(プルードン氏は…。そして、たんに一本の針の一二分の一の部分をつくるだけでなくて、一二の部品をすべてつぎつぎとつくることを、労働者に提議する。労働者は、そうすることによって、針の知識と意識に到達するであろう。)


         「Oui, en tant qu'il ne s'agirait que de résoudre l'antinomie de la division; mais je n'ai pas dit que tout fut là.
Il faut que l'habileté anciennne et moderne, sache travailler à la fois, et par ses doigts, et par les machines.

         Car, il est absurde qu'il ne puisse se passer de la machine, lui qui s'est fait remplacer par la machine.
          Le synthétisme, parvenu au plus haut degré, exige de l'ouvrier tout à la fois, et une plus grande capacité, et un développement moindre de…[Sagacité?]」


L'ouvrier arriverait ainsi à la science et à la conscience de l'épingle. Voilà ce que c’est que le travail synthétique de M. Proudhon. Personne ne contestera que faire un mouvement en avant et un autre en arrière, c'est également faire un mouvement synthétique.

En résumé, M. Proudhon n'est pas allé au-delà de l'idéal du petit bourgeois. Et pour réaliser cet idéal, il n'imagine rien de mieux que de nous ramener au compagnon, ou tout au plus au maître artisan du moyen âge. Il suffit, dit-il quelque part dans son livre, d'avoir fait une seule fois dans sa vie un chef-d'œuvre, de s'être senti une seule fois homme. N'est-ce pas là, pour la forme autant que pour le fond, le chef-d'œuvre exigé par le corps de métier du moyen âge ?

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